Chroniques
Il est temps de partir
08:38
L’ancien amour de
ma vie m’a offert une bague pour notre premier Noël.
Une bague que
j’ai portée chaque jour depuis. Une flèche qui bouffe la moitié
de la main, un étendard plus qu’un bijou. Une flèche de Cupidon,
peut-être bien. Presque un coup de point américain. Un accessoire
de princesse indienne, je suis Pocahontas avec, un symbole de liberté
et de force.
Elle s’est brisée
il y a quelques jours. J’ai continué à la porter après la rupture
parce que ce bijou, c’est moi, je ne porte rien d’autre d’un
jonc en argent transmis par ma mère, qu'elle avait elle-même reçu de ma grand-mère. et cette
bague, elle a du caractère, surement plus que moi et j’aime ça.
Elle ne s'est pas
cassée toute seule, d’un coup. Je l’ai fissurée, je l'ai amochée. Involontairement, je l'ai accrochée en tombant ivre
morte dans les escaliers d’un bar où j’étais avec un type que
je n’aime même pas. Et je me suis relevée en riant parce que c’est
ce que je fais toujours. Elle était toute tordue, elle a fini pas
céder. J’ai un bleu sur le bras qui finira par s’estomper, mais
plus de bague. Je crois qu’il est temps de partir.
J’ai réussi à
garder en vie, pendant cinq ans, dans notre ancien appartement, un mini
cactus en forme de coeur. Le genre de truc que tu trouves à la
caisse, à Ikea, et que tu achètes parce que c'est trop mignon et parce
que bon "deux euros, c’est rien" même si tu sais que ça va crever en
mois d'un mois. La copine avec qui j’étais en virée shopping, qui avait craqué
aussi, a gardé le sien quelque semaines. Cinq ans, il a tenu, à être
arroser à la petite cuillère. Cinq années à cohabiter avec un vase rempli de fleur en feutrine et un frêle bambou. Et il a tenu deux semaines dans mon
nouveau chez moi. J’ai vu ce coeur se flétir puis jaunir. Se
ramolir, suinter, pourrir tous les jours un peu plus, en partant travailler, sur
l’étagère dans le couloir, un coup d’oeil en passant. Notre
coeur est mort. Il me souffle dans un dernier soupir qu'il est temps de partir.
Ce matin, il a
commencé à neiger. Le blanc a recouvert le rouge des toits, tout
a l’air plus calme. Plus silencieux, comme si du coton absorbait
jusqu’au bruit de la circulation. Il y a un petit coin de ciel bleu
malgré tout, un petit coin de ciel bleu qui perce entre d’épais
nuages blancs duveteux. Un petit peu de ciel bleu. Ca n’a jamais été
mon pays, je n’étais là que pour lui.
Il est temps de partir.
4 commentaires
Magnifique <3 tu es une femme forte
RépondreSupprimerIl faut parfois des signes comme ceux-là pour passer un cap...
RépondreSupprimerUne page se tourne... c'est le cactus qui le dit...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerje fais partie des lecteurs. Je croyais le blog mort depuis un an. Je suis content de vous voir de retour. Je vous souhaite le meilleur.