Ceci n'est pas une lettre d'amour

J'ai les mains qui tremblent et les lèvres rouges sang à force de les mordre à chaque fois que je te vois mais ce n'est pas...




J'ai les mains qui tremblent et les lèvres rouges sang à force de les mordre à chaque fois que je te vois mais ce n'est pas une lettre d'amour. Tu es mon meilleur ami, comment ça pourrait se transformer en quelque chose de romantique. Tu me fais sourire et, à côté de toi, j'oublie que je suis embarrassante. Mais comment je pourrais vouloir mieux. Plus. Plus longtemps. Et tout le temps.

Pourtant si je suis honnête, quand je ferme les yeux c'est toi que je vois.
Quand on s'attarde le soir, quand il fait froid, quand tu enlèves ta veste pour l'enrouler autour de moi, quand ta main reste sur mon épaule une seconde de trop, quand je tourne la tête vers toi et que tu as ce sourire… j'ai le coeur mou et les jambes qui vacillent. A moins que ça soit l'inverse. A moins que ça soit les deux.

Ca ne dure qu'une seconde avant que ta main ne se lève pour attirer l'attention d'un taxi qui file déjà au loin.
D'ailleurs, je maudis les taxis. Les métros qui reprennent vie à 6 heures le matin. Ton téléphone qui sonne pour t'emmener vers une autre aventure. Les vieilles connaissances qui te tapent dans le dos au coin d'une rue et qui me font disparaître. Je déteste tout ce qui nous ramène à la réalité.

Mais peut-être que si t'es d'accord, ça serait bien qu'un de ces soirs, quand tu viendras me chercher, au lieu d'écumer les bars, de traîner sur les trottoirs, de s'allonger le long des quais pour regarder les étoiles, au lieu de rire à mes blagues quand je me plains de ne trouver personne, au lieu de te présenter à mes copines, d'essayer de les convaincre que tu es l'homme parfait et que ça serait cool de te rappeler, peut-être que tu pourrais juste m'inviter. On marchera dehors, et quand je commencerais à frissonner, quand tu déposeras ta veste sur mes épaules, peut-être que tu pourrais laisser ton bras autour de moi. Je me contenterais d'une seconde mais si ça dure plus que ça, je crois bien que ça pourrait nous bouleverser.

Alors peut-être que oui, peut-être bien que c'est une putain de lettre d'amour que j'écris sur le dos de cette carte des vins, accoudée à ce bar, notre bar, comme tous les soirs. Tu es en train de danser et tu fais des grands gestes pour que je te rejoigne, tu sais que je déteste ça mais que je finis toujours par craquer. Et on finit ridicule à se trémousser jusqu'à pas d'heure.
Tu sais que tu me fais faire ce que je n'oserais jamais. Comme te dire que je t'aime, peut-être un peu, peut-être beaucoup, peut-être juste assez pour avoir envie d'essayer.



Alors ça fait peur mais je vais le faire, sans même renverser mon verre. Je vais plier ça en deux, puis en quatre - tu vas rire mais tu me connais, avec les listes, mes post-it, mes carnets, l'écrire ça m'aide à me persuader, à me faire croire que je vais vraiment le faire - je vais glisser ce mot dans la poche de ta veste, ensuite je vais venir te rejoindre, en vacillant entre la lumière strobo et mes talons trop hauts. Je vais rougir en baissant la tête, tu remettras la mèche de cheveux qui me tombe sur le visage derrière l'oreille et on va se regarder un peu trop longtemps. Puis on va passer une bonne soirée, entre bons amis. Et pour le reste, on verra demain. Demain quand tu auras lu ça. Demain quand tu taperas à ma porte.
J'aurais les mains qui tremblent et les lèvres rouge sang, mais je saurais que tu sais enfin. Et je serais prête.

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6 commentaires

  1. Tu lui as vraiment mis dans sa poche ?
    Si oui, chapeau ! J'admire !

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  2. oh le stress!!!! Quel courage!!!!

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  3. Aaaaaaaaaaah je veux lire le lendemain!!!!!!

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  4. Et après ? Dis-nouuuus !

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  5. @Paula @Mag @Pitite Xena @Eymha Vous allez me détester mais... c'est de la fiction!
    J'ai écrit ce texte pour un concours de nouvelles dont le sujet était "la lettre d'amour". Mais une partie de moi apprécie que ça semble "réel" ;-)

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  6. j'arrive après la bataille... je sais donc que c'est une fiction... mais je m'étais laissée prendre ! :)

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