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Ceci n'est pas une lettre d'amour
09:44
J'ai
les mains qui tremblent et les lèvres rouges sang à force de les
mordre à chaque fois que je te vois mais ce n'est pas une lettre
d'amour. Tu es mon meilleur ami, comment ça pourrait se transformer
en quelque chose de romantique. Tu me fais sourire et, à côté de
toi, j'oublie que je suis embarrassante. Mais comment je pourrais
vouloir mieux. Plus. Plus longtemps. Et tout le temps.
Pourtant
si je suis honnête, quand je ferme les yeux c'est toi que je vois.
Quand
on s'attarde le soir, quand il fait froid, quand tu enlèves ta veste
pour l'enrouler autour de moi, quand ta main reste sur mon épaule
une seconde de trop, quand je tourne la tête vers toi et que tu as
ce sourire… j'ai le coeur mou et les jambes qui vacillent. A moins
que ça soit l'inverse. A moins que ça soit les deux.
Ca
ne dure qu'une seconde avant que ta main ne se lève pour attirer
l'attention d'un taxi qui file déjà au loin.
D'ailleurs,
je maudis les taxis. Les métros qui reprennent vie à 6 heures le
matin. Ton téléphone qui sonne pour t'emmener vers une autre
aventure. Les vieilles connaissances qui te tapent dans le dos au
coin d'une rue et qui me font disparaître. Je déteste tout ce qui
nous ramène à la réalité.
Mais
peut-être que si t'es d'accord, ça serait bien qu'un de ces soirs,
quand tu viendras me chercher, au lieu d'écumer les bars, de traîner
sur les trottoirs, de s'allonger le long des quais pour regarder les
étoiles, au lieu de rire à mes blagues quand je me plains de ne
trouver personne, au lieu de te présenter à mes copines, d'essayer
de les convaincre que tu es l'homme parfait et que ça serait cool de
te rappeler, peut-être que tu pourrais juste m'inviter. On marchera
dehors, et quand je commencerais à frissonner, quand tu déposeras
ta veste sur mes épaules, peut-être que tu pourrais laisser ton
bras autour de moi. Je me contenterais d'une seconde mais si ça dure
plus que ça, je crois bien que ça pourrait nous bouleverser.
Alors
peut-être que oui, peut-être bien que c'est une putain de lettre
d'amour que j'écris sur le dos de cette carte des vins, accoudée à
ce bar, notre bar, comme tous les soirs. Tu es en train de danser et
tu fais des grands gestes pour que je te rejoigne, tu sais que je
déteste ça mais que je finis toujours par craquer. Et on finit
ridicule à se trémousser jusqu'à pas d'heure.
Tu
sais que tu me fais faire ce que je n'oserais jamais. Comme te dire
que je t'aime, peut-être un peu, peut-être beaucoup, peut-être
juste assez pour avoir envie d'essayer.
Alors
ça fait peur mais je vais le faire, sans même renverser mon verre.
Je vais plier ça en deux, puis en quatre - tu vas rire mais tu me
connais, avec les listes, mes post-it, mes carnets, l'écrire ça
m'aide à me persuader, à me faire croire que je vais vraiment le
faire - je vais glisser ce mot dans la poche de ta veste, ensuite je
vais venir te rejoindre, en vacillant entre la lumière strobo et mes
talons trop hauts. Je vais rougir en baissant la tête, tu remettras
la mèche de cheveux qui me tombe sur le visage derrière l'oreille
et on va se regarder un peu trop longtemps. Puis on va passer une
bonne soirée, entre bons amis. Et pour le reste, on verra demain.
Demain quand tu auras lu ça. Demain quand tu taperas à ma porte.
J'aurais
les mains qui tremblent et les lèvres rouge sang, mais je saurais
que tu sais enfin. Et je serais prête.
6 commentaires
Tu lui as vraiment mis dans sa poche ?
RépondreSupprimerSi oui, chapeau ! J'admire !
oh le stress!!!! Quel courage!!!!
RépondreSupprimerAaaaaaaaaaah je veux lire le lendemain!!!!!!
RépondreSupprimerEt après ? Dis-nouuuus !
RépondreSupprimer@Paula @Mag @Pitite Xena @Eymha Vous allez me détester mais... c'est de la fiction!
RépondreSupprimerJ'ai écrit ce texte pour un concours de nouvelles dont le sujet était "la lettre d'amour". Mais une partie de moi apprécie que ça semble "réel" ;-)
j'arrive après la bataille... je sais donc que c'est une fiction... mais je m'étais laissée prendre ! :)
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