Autosabotage

Autosabotage: action de se mettre hors d'usage de façon volontaire. Et, faites-moi confiance, quand on se retrouve à 6h00 du mat',...

Autosabotage: action de se mettre hors d'usage de façon volontaire.
Et, faites-moi confiance, quand on se retrouve à 6h00 du mat', les yeux gonflés et tout rouges, à accompagner son thé d'un 280 (oui le plus gros hamburger que l'on puisse trouver au McDo) froid, caoutchouteux et sans gout, c'est qu'on est bien en face d'un autosabotage. Ou plutôt d'un lendemain d'autosabotage.



Je n'arrivais pas à dormir parce que je crevais la dalle d'avoir sauté un repas, que j'avais une barre au milieu du front, la tête remplie de toutes les excuses que j'avais à présenter. Et surtout, une sale nausée donnée par des mots qui résonnaient en boucle. Des mots prononcés par ma propre voix, sortis de ma propre bouche.
Et pour cause, la veille, j'avais été bien trop occupée à chialer dans mon coca et à accuser l'homme de ma vie des pires choses. De ne pas m'aimer. D'en avoir rien à foutre de nous deux. D'en avoir rien à foutre de moi. De préférer la compagnie de n'importe qui plutôt que la mienne. Lui avalait ses frites sans rien dire et probablement sans comprendre ce qu'il lui tombait sur la gueule. Son silence était alors, pour moi, la preuve de son manque d'intérêt. J'ai crié. J'ai pleuré plus fort.


Ca fait quelques jours que j'y repense, à celui qui m'a frappée. Et je suis en colère contre moi. Et je le laisse gagner à chaque fois que je me dis, qu'effectivement, je suis peut-être bien moche et inutile.
J'ai oublié que ce n'était pas la même personne.
Tous des connards.
Mais pas lui, pas mon amour. Lui n'a jamais levé la main sur moi. Lui ne m'a jamais insultée.
Mais c'est trop tard, je n'ai plus confiance en moi. Je suis moche et inutile. Il gagne. Et je me bats contre la mauvaise personne. Je suis moche, inutile et folle.
J'ai repensé aussi au premier garçon à m'avoir embrassée. Celui qui a dégrafé mon soutien-gorge, le premier à s'être endormi la tête entre mes seins. Le premier à m'avoir fait pleurer aussi. A m'avoir dit sur le parking d'un Mcdo "Désolé, je suis pas assez bien pour toi, j'ai des problèmes d'alcool, c'est mieux qu'on en reste là". Après on s'étonne que je puisse parfois être une vraie épave. (Quoi que c'est surement moins pathétique à 15 ans qu'à 26)
Putain quelle ironie quand on y pense, hier soir c'était moi qui n'étais pas assez bien, c'était moi qui avais trop bu, j'étais celle qui, dans la file du Drive, s'était mise à pleurer. Et c'était moi qui le faisais souffrir lui. J'ai l'impression d'être dans une tragédie grecque où tout se répète. Seuls les rôles changent.

Je suis devenue le bourreau, le monstre. Il a fallu d'un souvenir, d'un retour du passé, d'une vague hargneuse et traitresse pour que je déraille totalement.
Je me suis donc réveillée, au milieu de la nuit, en me rendant compte des horreurs que j'avais débitées, de l'incohérence de ma logique qui semblait implacable pourtant quand je lui démontrais par A plus B qu'il ne pensait jamais à moi.
Le désaoulage le plus rapide de l'histoire des cuites.
J'ai attendu plusieurs heures dans le lit sans oser tendre le bras pour l'effleurer. Mon amour. Son réveil a sonné, il s'est redressé. Je l'ai attrapé par le bras. "S'il te plaît, attends". Les pauvres excuses d'une hystérique honteuse. Il a dit "c'est pas grave". Sans grand enthousiasme. Le visage figé. Les mains fermées et loin de ma peau. Il a juste déposé un baiser dans le creux de mon cou. "C'est pas grave" et il s'est levé. J'espère qu'il le pensait vraiment. Je n'ai pas arrêté de dire que j'étais désolée. Qu'il n'avait rien fait de mal et que j'étais désolée. En embrassant son épaule. Je me suis sentie minable. J'avais envie de m'accrocher à lui et je l'ai à peine touché.

"C'est pas grave", et il est parti travailler.


...



J'ai été un orage d'été.
Pendant une semaine, j'ai respiré les vapeurs viciées d'un passé peu glorieux. J'ai mariné dans des souvenirs moites et suintants qui m'ont collé à la peau. Sueurs froides et douleurs tièdes. J'ai explosé à la nuit tombée. J'ai envoyé des éclairs sur mon coup de foudre, ma victime collatérale.
Puis la température est redevenue plus douce.



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27 commentaires

  1. J'ai beaucoup hésité...merci :-)

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  2. Je pense qu'il le pense vraiment. Je veux dire, tu as été une victime et il ne peut pas te demander d'oublier ton passé d'un coup de son épée magique de prince charmant. Il doit te laisser du temps, pour apprivoiser ce nouveau bonheur. Em revanche, tu dois faire des efforts. Essaye de parler avec lui de pourquoi tu t'es mise comme ça et ce que vous pourrie faire à la prochaine crise pour que ça ne revienne pas. Peut-être ne pas boire ? (j'ai cru comprendre que tu étais saoule ? Pas sûre ^^) Ou que sais-je ! A toi de voir ça avec lui. Il faut que tu lui prouves que vous agissez pour que ça n'arrive plus sinon je pourrais comprendre qu'il se lasse :s

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    1. Oui, ne plus boire (enfin surtout ne plus boire quand je sens que je ne vais pas très bien!) est sur ma liste parce que c'est sûr que ça n'aide pas!

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  3. Tu écris tellement bien.. J'ai été transportée, touchée, figée.

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  4. Je découvre ton blog. Jolie plume. Je me reconnais dans cette cuite insensée, dans ce combat contre la mauvaise personne. Hâte de lire la suite !

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    1. @Blog du Dimanche @Fay Merci beaucoup (et bienvenue ici Fay!)

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  5. Garde-le bien précieusement celui-là, des mecs comme ça, ce sont de vrais trésors !
    Ce garçon, il te connaît, il sait qui tu es vraiment, il sait ce que tu a été et ce que tu crois encore être, alors oui, pour lui, tes crises de panique qui se retournent contre lui, c'est pas grave, parce qu'il sait qu'au fond, c'est pas toi, que tu es bien plus que ça.
    Et je plussoie Fluffy, ce genre de choses, faut en parler, c'est mieux ^^

    Gros bisous ma chère Fille H !

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    1. Oh oui, je le garde! :-)
      J'espère que tu as raison, qu'il a vu que je n'étais pas dans mon état normal...

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  6. Tu as bien fait d'oser l'écrire ce billet, il est magnifique, touchant et boulversant (et criant de vérité... je connais).
    Take care <3

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    1. C'est plus facile d'écrire pour se plaindre des mecs et raconter des conneries que de reconnaitre qu'on a fait des erreurs... mais je regrette pas, merci!

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  7. C'est très touchant.. j'espère que ça va mieux maintenant
    <3

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  8. pfiou, ce que tu as écrit est très prenant, opressant, ce que tu ressens.
    laisse passer un peu de temps et mettez tout à plat ensemble, que cela ne puisse plus se reproduire. bon courage.

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    1. @Ma Vie De Brune @titite Oui, ça s'est passé il y a quelques jours et tout va mieux. J'avais juste besoin de lâcher tout ça.

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  9. il te connaît, il sait tes fragilités, ... je t'embrasse miss

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  10. très touchant. peut-être ce qui est arrivé à ton amie a remis en surface un passé douloureux. Par ricochet, l'homme à morfler... toi aussi.
    avec le recul, vous avez pu en reparler?

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    1. C'est sûr que c'est cette histoire qui a fait remonter le passé. On n'en a pas vraiment reparlé mais je lui ai bien dit que ce n'était pas de sa faute et qu'il n'avait rien fait de mal.

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  11. Voilà, j'ai eu des frissons ! Bravo. Je ne sais pas s'il a connaissance de l'existence de ce blog, mais si c'est le cas, son "c'est pas grave" il le pensera. Tellement bien écrit. Chapeau Madame !

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    1. Il passe de temps en temps, il me semble... je crois qu'il le pense déjà. Enfin j'espère!

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  12. Tu sais ce qu'on dit : le passé ne devrait jamais empiéter sur ton présent, et encore moins entacher votre avenir...

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    1. C'est une jolie phrase. Mais la vie est souvent plus compliquée qu'une jolie phrase...

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  13. Peut être que toutes ces choses que t'as dit, même si tu regrettes et que tu es désolée. Tu avais besoin de les dire car tu te sentais pas bien ?
    S'il te connait bien, il comprendra et saura te rassurer :)
    bon courage

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  14. En tant que master dans l'art de l'auto-sabotage, je te comprends. Il faut du temps pour sortir d'une relation qui nous a detruit. Il faut aussi pouvoir lancer les mots et si c'est un autre qui les prend en pleine figure, ce n'est pas grave, lui il sait ce par quoi tu es passee. Quand il te dit "c'est pas grave", il le pense vraiment.
    Ne culpabilises pas. Cette culpabilite appartient au passe.

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  15. Je te trouve très courageuse. Tu as apparemment quitté quelqu'un qui te faisait du mal alors je le redis, je te trouve très courageuse. Je pense que ton copain actuel comprend. Je ne sais pas trop quoi te dire... j'aimerai avoir des paroles plus "réconfortantes" mais je ne trouve rien de plus. Courage !!

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  16. J'ai l'impression de voir une (plusieurs) situation qui s'est pas dans mon couple.
    Surtout avec la phrase "De préférer la compagnie de n'importe qui plutôt que la mienne", combien de fois je l'ai entendu.
    Et combien de fois, il a fallut que je lui dise qu'elle se trompais.

    Sur le fait que ce n'est pas grave, je l'ai dis aussi et c'est une phrase sincère parce qu'on aime celle qui nous a fait mal, on le dis en espérant que le soir quand on rentrera du travail, ça ne sera plus grave dans sa tête aussi.
    Sinon, là, ça vas devenir grave dans la notre.

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  17. J'avais raté cette chronique et je dois dire que je suis choquée, je me retrouve tellement dans ce que tu écris, c'est limite déstabilisant mais d'un point de vue technique tu écris toujours remarquablement bien, je suis sciée à chaque fois...
    Bravo!

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